Quand les peuples sont en situation de force, ils développent une vision nombriliste du monde, ils cultivent l'impression fausse que tout doit tourner autour d'eux, que leur culture est objectivement supérieure à celle des autres, que la civilisation est dans leur camp et la barbarie ailleurs. Ils n'éprouvent pas le besoin de se nourrir de l'expérience humaine, des langues et du savoir-faire des autres. A titre d'exemple, les anglophones apprennent moins les langues des autres puisque, partout dans le monde, ils peuvent se faire comprendre dans leur propre langue... Jusqu'au jour où le rapport de force change en faveur d'autres peuples. C'est le cas en ce moment où la Chine s'est éveillée, où l'Inde s'éveille, où le Brésil et d'autres pays ne tarderont plus à se réveiller. Et là, leur impression dominante est que le monde ne tourne plus rond, car leur représentation de sa rondeur correspondait jusqu'alors à la situation où ce sont eux qui marquent le tempo... J'ai le sentiment de découvrir sous un autre angle les nouvelles puissances mondiales et les pays émergents, leurs langues, leurs cultures, leurs monuments historiques, leur histoire même. Et ce qui me semblait absolu dans ma vision d'un monde où l'Occident joue les premiers rôles devient de plus en plus relatif.

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