« (…) nous avons coutume d’affirmer que l’éducation est un rempart contre la barbarie. Or, une quantité importante de dignitaires du régime nazi étaient des gens éduqués et parfois même fortement cultivés. Malthus et Alexis Carrel n’étaient pas des ignorants, ce qui ne les a pas empêchés de prôner l’eugénisme et la supériorité de certains hommes sur d’autres. La notion de race n’est pas le pur produit d’êtres frustres et triviaux, mais une construction rationnelle s’appuyant sur des longs débats scolastiques d’abord, puis scientifiques au XIXe siècle. Est-ce à dire que l’éducation ne sert à rien face au péril de déshumanisation ? Non, cela signifie tout simplement que nous sommes confrontés là aussi à une incertitude quant aux effets de l’éducation. S’il apparaît évident que l’ignorance et le manque de culture sont les pièges dans lesquels est entravée la masse de ceux qui répercutent et agissent au nom d’idéologies nauséabondes, l’éducation et la finesse culturelle sont les armes dont se servent ceux qui les manipulent et les déshumanisent. »

 

Zapata, Antoine (2009) : Pratiques enseignantes : agir au service de valeurs, L’Harmattan, Paris, p. 167-168  

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