« Nous ne sommes nullement libres devant l'œuvre d'art, nous ne la faisons pas à notre gré. Préexistant à nous, nous devons, à la fois parce qu'elle est nécessaire et cachée, et comme nous ferions pour une loi de la nature, la découvrir. Mais cette découverte que l'œuvre d'art peut nous faire faire n'est-elle pas au fond celle de ce qui devrait nous être le plus précieux, et qui nous reste d'habitude à jamais inconnu, notre vraie vie, la réalité telle que nous l'avons sentie et qui diffère tellement de ce que nous croyons que nous sommes emplis d'un tel bonheur, quand un hasard nous apporte le souvenir véritable ? »

 

D'après Marcel Proust, Le temps retrouvé, Flammarion, Paris, 1986, p. 272-273

 

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