Tu n'as rien à espérer de la terre
Elle a mangé tant d'autres.
L'ogre cannibale n'aime rien tant
Que la chair tendre de ses enfants.
Elle te dévorera à ton tour
Quand sonnera ton heure.
Laisse à d'autres le loisir fou
De se battre pour une mère assassine.
Prends tes distances avec leurs bombes
Qui explosent sur des têtes innocentes.
Ceux-là ignorent le triste sort
Qui les tient unis.
Ils anticipent sans savoir l'heure
Où le géant pansu
Fera son mets de chaque souffle.
A moins que trop ils ne le sachent
A l'instar des tyrans pervers
Angoissés par la perspective de l'abîme
Et mettent tout en oeuvre
Pour voir disparaître leurs congénères
Avant que n'arrive leur tour.
A chaque lever de soleil
Son lot de souffles coupés.
Le boucher n'a de cesse
De faire la ronde dans la prairie
Où joue un troupeau abandonné
Par un berger endormi.
Le bois de nos bières
Pousse déjà dans la forêt.
Pour nombre d'entre nous
Il gît déjà dans une scierie
Où des malheureux croient gagner
Leur existence.
De la terre tu n'as rien à espérer
Un jour où l'autre elle te mangera.

Denis Dambré, extrait de recueil poétique

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